La cigarette électronique un produit presque inoffensif ? C’est la conclusion surprenante d’une étude réalisée par le Royal College of Physicians (en français, Collège royal de médecine). L’institution britannique indique également que le vapotage serait très efficace pour se sevrer du tabac.
L’utilisation de la e-cigarette n’entraînerait pas de problème sanitaire majeur. Voici la conclusion d’une étude menée par le Collège royal de médecine, dont les résultats ont été communiqués lundi 27 mai dernier. « Le vapotage de nicotine n’est pas associé à une fréquence élevée d’effets néfastes sur la santé », précise l’institution britannique.
2,5 millions de Français utilisent quotidiennement la cigarette électronique. Ils sont 12 millions à fumer des cigarettes traditionnelles. Selon la tabacologue Alice Denoize, le gouvernement prend beaucoup de précautions afin de « protéger les fumeurs qui voudraient devenir non-fumeurs » en passant à la e-cigarette. « Mais parfois ce sont des protections qui sont un peu trop fortes parce que c’est vrai que la cigarette électronique a du mal à prendre sa place »,
La Haute Autorité de santé (HAS) exclut la cigarette électronique de « l’arsenal officiel » pour arrêter de fumer. «Ça fait donc partie des choses qui freinent les fumeurs et qui font qu’il y a encore beaucoup de questions sur la vape », estime Alice Denoize
Le vapotage reste pourtant l’une des alternatives les plus efficaces pour le sevrage tabagique, affirme le Collège royal de médecine. Une position partagée par la tabacologue : « On remarque qu’un fumeur qui passe à la vape ressent les mêmes effets que l’arrêt du tabac. Il se met à mieux respirer, retrouve de l’énergie, donc on pourrait assimiler ça à un sevrage physiologique. C’est très positif pour lui ».
Des expériences effectuées en laboratoire ont constaté que certains arômes présents dans les e-liquides pouvaient être toxiques pour les cellules respiratoires. Cette problématique n’est toutefois pas vraiment observée chez les utilisateurs.
D’après Alice Denoize, « la communication dans les boutiques indépendantes doit être mieux encadrée, tout comme les produits qui sont mis sur le marché ». La norme AFNOR permet de contrôler la qualité des liquides de cigarette électronique vendus en France. « Donc si on va dans une boutique indépendante acheter des produits qui respectent cette norme, on met énormément de chance de son côté », souligne la médecin.
Si vapoter n’est pas associé à des problèmes de santé majeurs, cela s’explique par l’absence de combustion. « Ce qui est extrêmement néfaste dans la cigarette classique, c’est cette combustion avec des produits radioactifs, de nombreux produits chimiques qui sont toxiques », explique Frédéric Le Guillou, pneumologue et président de l’association Santé Respiratoire France.
La e-cigarette n’est toutefois pas totalement inoffensive dans le mesure où elle contient des irritants. « Chez des gens qui ont déjà certaines pathologies respiratoires, des allergies mais aussi un asthme, ça peut quand même, via le biais des irritants, aggraver cette pathologie donc il faut quand même être vigilant. Mais quand on fume et qu’on a un asthme, c’est encore plus néfaste pour sa santé donc entre deux maux, on choisit le moindre », précise Frédéric Le Guillou.
Alice Denoize se montre également prudente vis-à-vis de la toxicité des cigarettes électroniques. « C’est compliqué de dire que c’est totalement inoffensif donc c’est à mon avis une marge de sécurité qu’on se donne ».
La tabacologue préfère être pragmatique : « Par exemple pour les femmes enceintes on sait que dans un monde idéal elles ne prendraient rien mais quand une femme fume il faudrait qu’elle vape, c’est beaucoup moins dangereux. […]. Peut-être qu’il y a des populations à risque parce que dans l’idéal il faudrait ne rien prendre du tout, mais c’est toujours mille fois mieux que la cigarette ».
Alice Denoize considère aussi qu’une e-cigarette qui respecte la norme AFNOR, et qui bannit les codes marketing attrayant pour les enfants, n’a « aucune raison d’être une porte d’entrée vers le tabagisme ».
Les adolescents consomment de moins en moins de tabac en France. Selon un rapport de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), 11,4% des collégiens ont expérimenté la cigarette en 2022, contre 21,2% en 2018. « On pourrait penser que c’est aussi en raison de la vape », conclut la tabacologue.