La lutte contre le surpoids et les maladies que celui-ci entraîne s’impose comme une des priorités des pouvoirs publics et des politiques de santé. Dans ce contexte, le réseau RNPC du groupe Éthique & Santé propose une approche pluridisciplinaire dont les méthodes s’appuyant sur des études scientifiques de grande valeur apportent de vrais résultats.
Les chiffres donnent le tournis : selon l’Assurance Maladie, 47 % des Français seraient concernés par le surpoids, un mal qui toucherait davantage les hommes que les femmes. Une étude passionnante de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) montre également des disparités entre les régions de France et les catégories socio-professionnelles. Le corps médical a ainsi identifié la surcharge pondérale comme l’un des facteurs aggravant de nombreuses maladies comme le diabète, le cholestérol, l’hypertension artérielle, l’athérosclérose, la dyslipidémie, la stéatohépatite non-alcoolique, ou des maladies rénales chroniques. Et la liste ne s’arrête pas là. Combattre le surpoids est donc devenu une bataille d’utilité publique.
RNPC : un programme basé sur des études internationales
Une approche collaborative entre différents professionnels de santé s’avère nécessaire dans la lutte contre l’obésité et le surpoids. C’est la démarche entreprise par le Groupe Éthique & Santé, fondé en 2006 et qui dispose aujourd’hui d’un réseau de 115 centres en France. Ici, tout repose sur le programme RNPC, acronyme de Rééducation nutritionnelle et psycho-comportementale.
Pour Rémy Legrand, fondateur du groupe et concepteur du programme, « le programme RNPC n’est pas un simple régime : il s’agit d’une thérapeutique à part entière qui mériterait d’être prescrite par les médecins, au même titre qu’un médicament ou qu’un dispositif médical. Contrairement à un simple régime, qu’on suit généralement ponctuellement, le programme RNPC s’inscrit dans le long terme pour un changement durable du mode de vie. L’objectif est donc de concevoir une phase d’amaigrissement efficace et sûre, avec une perte de poids rapide et suffisamment importante pour améliorer significativement l’état de santé et la qualité de vie des patients, suivie d’une phase de stabilisation pondérale permettant d’inscrire ces résultats dans la pérennité. Une phase dite d’équilibre, optionnelle mais fortement recommandée, permet au patient de ne pas être lâché dans la nature du jour au lendemain s’il estime encore avoir besoin de l’accompagnement diététique et psycho-comportemental ».
Depuis sa création, le réseau de centres RNPC du groupe Éthique & Santé a déjà pris en charge 90 000 patients en France. Le réseau est même devenu la référence française dans la prévention et prise en charge de la surcharge pondérale. En témoigne le 3e Congrès multidisciplinaire RNPC qui aura lieu le 1er juillet 2023 à Marseille et qui réunira des experts de renommée internationale autour de la question des foyers ectopiques de graisse.
Issu de l’industrie pharmaceutique, Rémy Legrand a donc identifié il y a longtemps les besoins et surtout le manque de méthodes efficaces existantes pour lutter contre le surpoids et ses comorbidités.
« En tant que visiteur médical ville, spécialistes et hôpital, j’ai présenté des médicaments à des médecins pendant des années et je comprends donc parfaitement ce qu’un médecin attend d’une thérapeutique, explique le concepteur du programme RNPC. En parallèle, dans le cadre de mon activité à l’hôpital, j’ai été formé à la mise en place d’études cliniques et suis devenu Attaché de Recherche Clinique (ARC). Tout au long de ma carrière, j’ai constaté que les médecins n’avaient pas d’interlocuteurs réellement dédiés sur les questions de surcharge pondérale. »
Aux États-Unis comme en Europe, le surpoids a fait l’objet de nombreuses études. En 2009-2010 par exemple, l’Union européenne avait lancé l’étude DiOGenes (pour Diet, Obesity and Genes) dont l’objectif était de définir le régime alimentaire idéal pour combattre les problèmes de surcharge pondérale. La revue scientifique The Lancet avait également rendu publics les résultats de l’étude DiRECT montrant qu’on pouvait atteindre jusqu’à 86 % de rémission du diabète de type 2 avec une perte de poids d’au moins 15 kg chez des individus en surcharge pondérale atteints de cette pathologie trop longtemps considérée comme irréversible.
« L’importance de la perte de poids pour les personnes atteintes de diabète de type 2 n’est pas prise au sérieux comme elle devrait l’être, déplorait le Pr Michael Lean, président du département Human Nutrition à l’Université de Glasgow, et spécialiste mondial du diabète. Nous devrions considérer que la perte de poids pour la rémission du diabète de type 2 est aussi importante que la chimiothérapie pour le cancer. »
S’appuyant sur ces études internationales, Rémy Legrand a mis au point le programme RNPC, validé par un comité de pilotage scientifique composé de médecins internationalement reconnus. Il a notamment ciblé la circonférence abdominale (le tour de taille) – plus que l’IMC – comme paramètre essentiel à prendre en compte. En effet, cet indicateur reflète l’adiposité viscérale, c’est-à-dire la quantité de graisse contenue dans la cavité abdominale. La graisse viscérale entourant et infiltrant des organes comme le cœur, foie ou le pancréas, elle peut avoir des effets dévastateurs sur ces derniers.
« La bonne nouvelle, c’est que les études sur lesquelles nous nous appuyons montrent également que la majorité de ces pathologies, si elles sont prises à temps et si le patient perd au minimum 10% de son poids, peuvent être complètement résolues », avance Rémy Legrand, dont l’objectif primordial est d’écarter les risques de complications graves associées au développement de foyers ectopiques de graisses, mécanisme physiopathologique qui implique le stockage de graisse au niveau d’organes qui ne sont pas faits pour ça.
Prise en charge pluridisciplinaire et double suivi personnalisé
Le suivi médical et l’accompagnement diététique sont les fondements du programme RNPC qui se décompose en trois phases. En accord avec le médecin traitant des patients, la première phase, adaptée à l’état de santé global de la personne prise en charge, vise un amaigrissement rapide jusqu’à l’atteinte de l’objectif de poids. La deuxième phase consiste à stabiliser le poids en réintroduisant progressivement dans l’alimentation du patient des aliments alors déconseillés pendant la première phase car trop caloriques ou riches en sucres. La troisième phase réside en un suivi, à vie si le patient en fait la demande. Cette troisième et dernière phase pérennise le suivi déjà régulier mis en place tout au long du programme entre patient et diététicien, qui se retrouvent toutes les deux semaines au cours des premières phases de la prise en charge.
En amont, le rôle du médecin est primordial. « Notre programme est médicalisé pour plusieurs raisons, détaille Rémy Legrand. Nous devons placer nos patients dans la zone de sécurité la plus totale et, pour ce faire, il nous faut absolument connaitre l’état clinique de ceux-ci. Il faut ensuite essayer d’identifier des raisons de la prise de poids ou de la résistance à la perte de poids (ménopause, hypothyroïdie, corticothérapie, arrêt du tabac, altération du microbiote intestinal, mauvaise qualité du sommeil, stress etc.) et objectiver, tant pour les patients que leurs médecins, l’efficacité de la perte de poids par l’analyse de bilans biologiques successifs. » L’attention portée par le médecin envers son patient est également un facteur de réussite.
À cette approche purement médicale s’ajoute le suivi personnalisé du programme par un diététicien, chargé d’expliquer en détail les objectifs et les méthodes choisies pour aider le patient à perdre du poids. L’attitude du diététicien est aussi essentielle : il doit se montrer à la fois professionnel, bienveillant et pédagogue « Plus les contacts avec le professionnel de santé sont nombreux, plus la perte de poids est importante, poursuit M. Legrand. C’est pourquoi, à l’ère du digital et du numérique, nous attachons tant d’importance aux entretiens en face-à-face avec nos diététiciens, parfaitement formés à la prise en charge des personnes en surcharge pondérale, avec pédagogie et sans jugement. »
La finalité du processus ne se limite en aucun cas à perdre quelques kilos superflus, mais à ramener de l’équilibre là où il n’y en avait plus. Et surtout, à terme, à écarter les risques de maladies chroniques ou de cancers.