Polluants éternels (PFAS) : comprendre et lutter contre la pollution de l’eau, origine, conséquences et solutions

La contamination de l’eau par les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS) est un enjeu environnemental et sanitaire majeur qui suscite une vive inquiétude dans le monde entier. Zoom sur trois aspects clés liés à cette problématique : l’origine des PFAS, leurs impacts sur la santé humaine et les solutions envisagées pour éradiquer ce fléau.

Les PFAS, d’où viennent-ils ?

Les PFAS, également appelés polluants éternels, sont en réalité une famille de plus de 4 000 produits chimiques synthétiques aux multiples utilisations dans divers secteurs de l’industrie. Ils ont été conçus à partir des années 1940, notamment pour leurs propriétés hydrophobes, oléophobes et résistantes aux hautes températures. On retrouve ces substances dans :

• Des emballages alimentaires
• Des textiles et vêtements déperlants ou ignifugés
• Des matériaux isolants
• Des produits nettoyants et dégraissants
• Des mousses d’extinction d’incendie, particulièrement dans les aéroports
• Des câbles électriques
• Des revêtements antiadhésifs pour les ustensiles de cuisson

Cette omniprésence des PFAS dans notre quotidien est à l’origine de leur propagation dans l’environnement, notamment via les eaux usées et les décharges. Les polluants éternels se déversent ainsi dans les rivières, les nappes phréatiques et les zones humides, contaminant au passage les sols et la chaîne alimentaire.

Les conséquences sanitaires pour l’être humain

Les PFAS sont extrêmement persistants dans l’environnement en raison de leur résistance à la biodégradation. De ce fait, ils s’accumulent dans le corps des organismes vivants, tout particulièrement chez l’être humain. Selon plusieurs études scientifiques, certaines substances appartenant à la famille des PFAS seraient susceptibles d’avoir de graves répercussions sur la santé.

Une exposition qui passe par différentes voies

L’exposition aux PFAS peut provenir de :

• La consommation d’eau potable contaminée
• La consommation d’aliments cultivés sur un sol pollué ou issus de la chaîne alimentaire affectée
• Le contact avec des objets du quotidien contenant ces produits chimiques (ustensiles de cuisine, vêtements…)
• L’utilisation de certains cosmétiques ou articles d’hygiène souillés

Ainsi, même si chacun d’entre nous a des comportements différents et si le niveau d’exposition peut varier, nul n’est à l’abri de ces polluants éternels.

Les risques pour la santé humaine

A ce jour, certaines substances PFAS notamment les PFOA (acide perfluorooctanoïque) et PFOS (sulfonate de perfluorooctane) sont principalement étudiées par les chercheurs en raison de leur toxicité présumée. On attribue à ces deux molécules divers impacts sur la santé tels que :

• Risques de cancer : Des études épidémiologiques ont mis en lumière une possible corrélation entre l’exposition aux PFOS et PFOA et le développement de cancers du rein et des testicules.
• Perturbations endocriniennes : Les PFAS seraient susceptibles d’affecter la production et le fonctionnement des hormones, entraînant des dérèglements de la thyroïde, une diminution de la fertilité ou encore un retard de croissance chez les enfants.
• Troubles immunitaires : Certains travaux de recherche suggèrent que les PFAS pourraient altérer le système immunitaire, augmentant ainsi la vulnérabilité aux infections et aux allergie

D’autres effets potentiels sont également à l’étude, notamment l’impact des PFAS sur le métabolisme lipidique et la glycémie, ou encore sur le développement neurologique.

Des solutions pour pallier à cette catastrophe environnementale

Face à l’ampleur de ce problème et aux inquiétudes croissantes liées aux PFAS, de nombreuses actions sont mises en place afin de limiter leur propagation et réduire leur impact sur la santé humaine et l’environnement.

Filtration et traitement des eaux contaminées

Dans les zones les plus touchées par la pollution aux PFAS, des systèmes de filtration et de traitement efficaces sont déployés afin de garantir une eau potable saine aux populations. Cela peut passer par :

• L’utilisation de filtres à charbon actif granulaire ou de résines échangeuses d’ions pour capter les polluants éternels
• La mise en œuvre de procédés de désorption thermique ou d’osmose inverse pour le traitement des eaux usées

Ces dispositifs représentent toutefois un coût financier important et nécessitent une maintenance régulière.

Surveillance et régulation des activités industrielles

Pour prévenir les rejets de PFAS dans l’environnement, il est essentiel que les entreprises responsables intègrent une démarche de responsabilité environnementale et soient soumises à des régulations strictes. Il s’agit notamment de :

• Mettre en place des contrôles réguliers de la qualité des effluents industriels
• Réduire les émissions de PFAS à la source en encourageant l’utilisation de technologies propres et de substituts écologiques aux polluants éternels
• Favoriser une gestion des déchets respectueuse de l’environnement, notamment par l’adoption de procédures de recyclage spécifique pour les matériaux contaminés par les PFAS

Encadrement législatif et sensibilisation des consommateurs

Pour limiter au maximum l’exposition aux PFAS et favoriser leur disparition progressive, il est impératif d’établir un cadre réglementaire contraignant couvrant :

• L’interdiction ou la limitation stricte de l’utilisation et de la mise sur le marché de produits contenant ces substances dangereuses
• Une obligation de transparence de la part des industriels quant à la présence de PFAS dans les articles qu’ils commercialisent
• Un seuil acceptable de concentrations de PFAS dans l’eau potable et les aliments

Parallèlement, il convient de mener des campagnes d’information et de sensibilisation auprès du grand public afin de :

• Mieux comprendre les enjeux relatifs à la pollution aux PFAS
• Développer des gestes éco-responsables permettant de réduire son exposition personnelle à ces substances chimiques

L’éradication totale des polluants éternels est un défi majeur qui demande une mobilisation collective des acteurs concernés : États, instances internationales, industriels et citoyens. Seul un engagement fort de chacun pourra venir à bout de cette menace environnementale et sanitaire.